Peut être que tu l’auras remarqué, peut-être pas, je n’utilise jamais le mot « copains » pour parler des membres d’un même troupeau. J’utilise le mot « famille », parce que c’est ce qu’ils sont les uns pour les autres !
Le lien entre les chevaux est fort et intense. Il est essentiel pour eux, car dans la nature un cheval isolé est un cheval en danger de mort immédiate, la domestication n’a rien changé à ce niveau ! Cheval choyé ou cheval sauvage, pour lui ce qui compte plus que tout c’est sa sécurité, c’est son troupeau, c’est sa famille !
Et ÇA, ça ennuie bien les humains qui aimeraient les déplacer et les utiliser à leur guise parce qu’ils ne comprennent pas cette différence essentielle : un copain c’est un copain, on le côtoie un temps, on le perd, on en trouve un autre. Un frère, une mère, un enfant… ce n’est pas interchangeable !
Pour comprendre cette différence essentielle, imagine que sans te prévenir, je te prenne, que je te mette dans un avion pour un pays lointain sans que tu aies de possibilité de revenir par toi-même, loin de ta famille de sang et de coeur. Tu es bouleversée, tu te sens perdue.
Et là le temps passe, tu rencontres d’autres personnes, tu reconstruis ta vie, tu te recrées une nouvelle famille petit à petit.
Et puis un jour, je viens et je t’emmène avec moi une fois de plus dans un autre pays et là aussi pour toujours. Tant bien que mal tu rebâtis ta vie une fois de plus.
Et puis je reviens et je veux t’emmener en balade… mais bizarrement tu ne veux pas, tu ne sais pas si tu reverras ceux qui constituent ta nouvelle famille… alors tu te bats pour ne pas les quitter.
Voilà ce que vivent les chevaux ! Et personne ne le voit !
Les cavaliers râlent parce que ce cheval est « grégaire », parce qu’il ne veut pas se séparer des autres, parce qu’il est « chiant » !!!!! Bon sang de bonsoir, il ne fait pas ça pour t’ennuyer, il se bat parce qu’il pense qu’il ne reverra jamais sa famille, parce qu’il pense qu’il va mourir seul loin des autres, et tu ferais la même chose à sa place !
Alors comment faire en sachant ça pour que les chevaux acceptent de partir seuls avec nous ?
La réponse en deux principes :
1- nous devons devenir un membre de leur famille ! Une personne rassurante, claire et sure d’elle qu’ils connaissent bien et en qui ils ont confiance. Le leader qui sera à leurs cotés pour affronter le monde.
C’est la base sans laquelle la suite n’est pas possible.
2 – la progressivité : il faut apprendre à notre cheval qu’il va revoir sa famille, qu’on ne l’emmène pas pour toujours.
Donc on va bâtir à partir d’une zone encore confortable, l’éloigner pas loin et pas longtemps du tout et revenir tout de suite jusqu’à sa famille, le laisser se rassurer et repartir. Ce qui compte c’est vraiment de ne pas dépasser ses limites. Si tu dois te battre c’est que tu as été beaucoup trop loin ou beaucoup trop longtemps. N’accrois que le temps ou la distance, pas les deux en même temps.
Tu veux être la partenaire de ton cheval ? Prends réellement le temps qu’il faut, ne crame pas ses limites parce que ça ne va pas assez vite à ton gout.
La confiance se mérite !
Montre à ton cheval que tu es prête à y passer le temps qu’il faut pour pouvoir mériter la sienne et réfléchis avant de le changer de troupeau, ça a toujours des conséquences …
Valérie