Très souvent, quand on veut montrer quelque chose avec son cheval … ça ne marche plus ! 

J’ai connu ça il y a quelques années, j’apprenais quelque chose de nouveau à mes chevaux et si je voulais le montrer à quelqu’un ou le filmer, je me heurtais à un lamentable échec … J’en finissais par me demander s’ils ne faisaient pas exprès … j’avais beau me dire que, non, les chevaux ne font pas “exprès” c’était si récurrent que j’en arrivais à me poser la question … et puis je me suis posé la question différemment :

Qu’est ce que MOI je fais et qui fait que mes chevaux ne font plus en public ou devant une caméra, ce qu’ils font quand nous sommes seuls ? 

Et là j’ai eu très vite ma réponse.
Quand j’étais en public ou devant une caméra, j’étais déstabilisée et mal à l’aise. Je pensais beaucoup moins à mes chevaux et j’étais moins connectée à eux c’est certain. Mais SURTOUT je n’étais plus prête à faire ce qu’il fallait.  J’avais sur les épaules un devoir de réussite qui me paralysait ! Je me comportais différemment de ce que je faisais d’habitude, du coup eux aussi se comportaient différemment …
J’étais plus lente, plus réfléchie mais moins convaincue. Mon absence de vraie intention déstabilisait les uns et agaçait les autres (une pensée pour Maroussia qui aurait bien été se pendre ou plutôt ME pendre dans ces moments là ^^). Je ne jouais plus avec eux, je ne pensais plus à eux, je montrais aux humains et ça changeait tout …

Du jour où je m’en suis rendu compte, j’ai réussi à mieux me connecter à eux et à faire ce qu’il fallait POUR EUX !

Les changements de circonstances ne doivent pas changer votre façon de communiquer avec votre cheval ! 
Même quand vous êtes super heureux d’un truc et que vous voulez le montrer à quelqu’un ou le filmer, si ça ne fonctionne pas comme prévu, FAITES CE QU’IL FAUT POUR LE CHEVAL ! S’il faut reconnecter, on reconnecte, s’il faut ralentir ou revenir en arrière on le fait aussi et si on doit monter en phases eh bien … on le fait ! Faites ce que vous feriez si vous étiez seuls… 
Une pensée pour Lorenzo que j’ai vu s’échauffer avec ses 16 chevaux. Ce jour là, l’un des chevaux était vraiment remuant, ne respectait pas sa place, mordait les chevaux autour de lui. Il n’a pas persisté dans e qu’il faisait malgré le public autour de la carrière. Il est descendu des chevaux sur lesquels il était debout, a traversé la carrière pour le reprendre à pied puis il l’a monté à califourchon, dans le calme mais avec détermination puis une fois le cheval revenu à la raison. Il est reparti monter debout sur ses chevaux de tête.
Le cheval d’abord ! Le but ensuite !
On peut être dans cette même situation délicate quand on fait quelque chose de nouveau ou quand on franchit une étape.
Par exemple, quand on enlève la longe au sol ou bien le mors ou les rênes monté… si vous ne vous sentez plus capable de monter en phases ou d’agir comme vous le faites d’habitude, si vous marchez sur des oeufs ou que vous avez l’impression de manipuler de la dynamite… c’est juste que c’est trop tôt !
Je l’ai vécu la première fois que je suis montée sans rênes avec Maroussia. Je n’osais plus monter en phases de peur qu’elle démarre, de peur qu’elle fasse ceci ou cela. La peur me gouvernait et ma maline a vite compris que je n’étais plus qu’un passager impuissant là-haut et en moins de 2 mn je n’avais plus rien ! Je suis descendue, je me suis mis deux ou trois claques pour avoir été si bête, puis j’ai remis les rênes et je me suis entrainée quelques semaines de plus. Quand je les ai à nouveau enlevées, je SAVAIS que je pouvais le faire VRAIMENT, elle et moi étions prêtes. 
 
Le public, la caméra ou la nouveauté peuvent vous stresser bien sûr, mais ils ne doivent pas interférer avec ce que VOUS FAITES, si cela change quelque chose dans votre façon de faire, c’est que vous n’êtes pas encore suffisamment sûr pour le faire dans ces circonstances. Il vaut mieux reporter à plus tard,  ranger votre égo au placard, ne pas détruire ce que vous avez fait  et vous entraîner davantage.
Un de ces jours ça sera facile !