Eprouver des émotions c’est naturel !

L’émotion c’est un message que notre instinct et notre corps envoient à notre cerveau. Vouloir faire taire ses émotions, se battre contre elles, est totalement contre-productif.

Si tu as peur, tu as peur, c’est normal, c’est sain. Ta peur est là pour te sauver la vie ! Si tu passes outre, comme le font énormément de cavaliers et de cavalières, tu te mets, sans t’en rendre compte, volontairement en danger.

Si tu es frustrée ou en colère essayer de le cacher ne fera qu’empirer les choses. De plus si camoufler ses émotions peut fonctionner avec les humains ça n’a AUCUNE CHANCE de marcher avec un cheval

Alors qu’est-ce qu’on fait ?

Déjà il est important que tes émotions deviennent conscientes et que tu arrêtes de les nier, parce que ça te conduira directement à la catastrophe ou à l’accident.

Si tu as trop peur ou si tu es trop énervé(e), écoute-toi, prépare mieux et reprends les choses plus à la base et tu reviendras à ça quand ça ira mieux.

Ensuite sache que tes propres paroles peuvent énormément t’aider, car prononcer des mots différents génère des émotions différentes. Selon le vocabulaire que tu emploies, ton attitude va changer, tes émotions seront différentes. C’est pour ça qu’il va falloir que tu inspectes ton propre vocabulaire avec attention, car, en le changeant, tu vas pouvoir déjà faire évoluer beaucoup de choses.

Parlons des mots utilisés de façon très commune par la plupart des cavaliers :

TRAVAILLER SON CHEVAL : Hum…. Ça ne sent pas la joie, ni le partenariat, ni le partage, ni le plaisir. Travailler son cheval, c’est sérieux, ça ne rigole pas, on sent déjà que le cheval travaillé par son cavalier ne va pas forcément passer un bon moment … et le cavalier non plus… tout le monde bosse… Il y a mieux comme émotions de départ…
Alors c’est simple, c’est une expression que je n’utilise pas. Je ne me dis jamais “Allez je vais travailler mes chevaux”. Je me dis “Allez je vais jouer avec mes chevaux” ! C’est une formulation que j’ai découverte chez Parelli et je l’adore ! En se disant qu’on va jouer avec ses chevaux, on se dit qu’on va passer un bon moment et eux aussi. On joue ensemble, on est du même côté de la barrière et c’est du fun, du bonheur du plaisir qu’on se prépare à vivre et pas un moment obligé. Les émotions sont tout de suite plus positives.

Pour aller dans ce sens, une personne que j’accompagne à mis un panneau “AIRE DE JEU” à l’entrée de sa carrière et chaque fois qu’elle voit ce panneau en arrivant avec son cheval, ça l’aide à se souvenir d’être plus positive.

NON : Combien de fois dis-tu NON à ton cheval ? Non, on peut le dire facilement en criant, on s’oppose, ça n’appelle pas à discussion.

Quand un de mes chevaux ne fait pas ce que je lui ai demandé, je préfère utiliser “Ce n’est pas ce que je t’ai demandé” parce que ça ne ferme pas la porte, parce que ça me permet de ne pas faire monter mes émotions de façon négative et ça amène juste à continuer tranquillement.

Fawzii était un cheval très provocateur quand il est arrivé et j’ai beaucoup utilisé cette phrase pour dédramatiser la situation quand il démarrait comme un fou ou bondissait en l’air et … ça a bien marché. Ses crises d’opposition ne sont plus que très occasionnelles, je ne pense pas que ce serait le cas si ses énormes réactions avaient été sanctionnées par un NON et un état émotionnel instable.

JE VAIS ESSAYER : C’est quelque chose qu’on entend énormément dans le monde du cheval. On va essayer cet exercice, on va essayer de faire monter le cheval dans le van, on va essayer de le débourrer la semaine prochaine, on va essayer de faire une balade seul(e), etc.
Hors dans “l’essai”, il y a la possibilité proche et immédiate de l’échec. L’essai amène un sentiment d’incertitude, de doute et de faiblesse.

Alors tu me diras il faut bien “essayer” un jour !

Oui mais non ! On peut VOULOIR FAIRE ça ! Alors on va préparer, on va faire plus petit, plus décomposé, on va prendre le temps qu’il faut. Et un jour, on serra prêts, le cheval et nous et … ON LE FERA ! Si on n’y croit pas assez, si on n’est pas sûr(e) que le cheval peut le faire alors au moment d’y aller on n’aura pas l’intention suffisante pour amener notre cheval à y croire lui aussi.

Il y a quelques mois, j’ai fait sauter à Fawzii pour la première fois des bidons debout. Les bidons font un peu plus d’un mètre de haut et 65 cm de large… ça fait un gros saut.
On a préparé sur des sauts de bidons couchés dans la largeur puis dans la longueur, prenant le temps à chaque étape. Quand je l’ai envoyé sur les bidons la première fois, il a été un peu surpris par la hauteur. Alors pour m’aider à l’aider, quand je l’ai renvoyé je lui ai dit “Je sais que tu peux le faire mon garçon”. Ça a dopé mon intention et il a pu le faire. Les mots ne sont pas pour le cheval mais pour nous !

ET ALORS ! : Même quand on aime son cheval très fort et qu’on ne lui veut aucun mal, quand on doit toucher un cheval ave le stick ou la longe pour être plus clair(e) dans notre demande, la frustration, l’impatience, l’agacement ou le sentiment d’impuissance peuvent faire monter les émotions négatives très haut. Dans ce cas on va se contrôler difficilement et au lieu de simplement toucher le cheval, on va le frapper beaucoup plus fort qu’il ne faudrait et qu’on voudrait avec des paroles de rappel à l’ordre : “Et alors !”, “Non mais OH !”, “Tu me saoules !” … et vive le déferlement négatif… et les regrets qui suivront.

Là encore on peut amortir le choc en utilisant un autre vocabulaire consciemment. Toujours sur le mode jeu les : “Perdu !”, “C’est l’jeu ma pauv’Lucette”… c’est toujours pareil le but est de dédramatiser pour garder des émotions positives ?

Plus tu te diras que tu ne punis pas ton cheval en le touchant mais que le fait de le toucher est une conséquence du fait d’avoir perdu à un jeu, plus ce sera facile. S’il te plait bouge les hanches, je suis claire avec ce que je veux, si le cheval ne bouge pas on dit “perdu !” puisque notre équipe (mon cheval et moi) n’ont pas réussi sans toucher et hop on le touche et … on recommence jusqu’à ce que notre équipe ait gagné en bougeant sans toucher. Idem pour … tout !

LES SURNOMS : On donne des tas de surnoms à nos chevaux, mais imagine l’impact au quotidien quand on appelle son cheval boulet, cruche, morue ! Il sera beaucoup plus facile d’éprouver des émotions positives, de trouver des qualités à son cheval, d’envisager des progrès que si on l’appelle, ma belle, ma super girl, mon champion, mon grand ou autre joli nom flatteur

Ces mots-là ne sont que des exemples, je suis sûre que tu en trouveras des tas à interchanger pour développer des émotions positives vis à vis de ton cheval et de ta pratique !

Alors quels mots vas-tu changer dans ton vocabulaire pour dédramatiser et apaiser votre relation ?

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