Le licol avec coopération

Le licol avec coopération

Je vous propose une petite série de textes, photos et de vidéos montrant comment on peut faire accepter un licol à un poulain (ou à un cheval adulte) en toute complicité.

Prendre du temps et faire preuve de savoir faire pour que le jeune cheval apprenne à participer activement au fait de venir vers vous et d’enfiler le licol est ESSENTIEL car toute sa vie ce geste sera répété des centaines et des milliers de fois, si ça se passe bien, ce sera des dizaines d’heures gagnées au total sur la durée de sa vie. Du plaisir en plus et de la frustration et de l’énervement en moins pour vous comme pour lui !

Un cheval qui vient vers vous et qui baisse la tête pour mettre le licol c’est une séance qui commence dans le bonheur ! 

D’abord quelques explications : Asha, timide pouliche marwari d’un peu plus d’un an, avait beaucoup de mal à accepter qu’on l’approche avec un objet dans les mains, il était devenu impossible de lui mettre un licol.

Mon but n’est pas seulement de lui mettre un licol, mon but est qu’Asha m’accepte, accepte le contact, accepte le licol, cède à la pression de mes mains et du licol et qu’elle marche avec moi en longe facilement. Pour moi tout cela fait partie de la même chose, ces apprentissages de base, si souvent négligés et qui vont poser des problèmes parleur absence tout au long de la vie du cheval.

Voici donc comment j’ai construit ces bases avec Asha.

Au départ, le but est juste qu’elle m’accepte moi même avec quelque chose dans les mains.

Je choisis la stratégie qui consiste à la suivre partout où elle va dans le paddock sans la quitter des yeux, et sans la laisser s’arrêter si elle ne me regarde pas, cela se passe (hors quelques démarrages de sa part) entièrement au pas. Dès qu’elle me regarde, j’arrête de la suivre, je la laisse s’arrêter, je ne la regarde plus et me mets sur OFF.

Après plusieurs secondes de pause, je m’approche d’un pas, si elle fuit je recommence à la suivre, si elle reste je ne fais pas plus d’un pas ou deux, je m’arrête et de nouveau je ne la regarde plus en mode OFF.

Je continue ainsi toute la séance en étant toujours calme et tranquille même quand elle démarre au galop, je marche.

A la fin de cette séance, elle ne me quitte plus des yeux et me laisse m’approcher d’elle à moins d’un mètre. Je choisis de ne pas la toucher DU TOUT à ce moment là et on finit cette première séance sur ça avec une pouliche connectée qui commence à me suivre sans que j’ai rien à faire.

DEUXIÈME SÉANCE : 

Le but est qu’elle accepte le contact de mes mains et du licol et qu’elle me suive facilement en liberté.

Dès le premier contact Asha est intéressée par ma présence, il n’a pas fallut plus quelques pas toujours avec la même technique (je la suis si elle part, je me détourne si elle me regarde) pour qu’elle me suive partout ! Comme à la première séance je travaille en ayant toujours le licol à la main.

Je ne suis pas contre le fait d’utiliser un renforcement avec des récompenses, mais après quelques essais, je me rends compte que je ne peux pas l’utiliser à ce stade avec Asha qui a pris l’habitude de prendre la nourriture puis de s’enfuir au galop. Plutôt que de lutter contre cette habitude ancrée, j’ai choisi de ne pas récompenser avec de la nourriture mais d’utiliser les caresses.

Au départ, elle reste méfiante quand je la touche, je prends donc garde à rester trèèèèèès calme avec très peu d’énergie, de faire mes mains douces et lentes et elle se détend vite.

Je fais attention de ne jamais me mettre devant elle, mais de rester toujours sur le coté, pour deux raisons : 

1 – Pour ma propre sécurité ! Asha n’est pas encore en confiance et elle est susceptible de démarrer violemment à tout moment.

2 – Pour ne pas la bloquer physiquement. En effet, je veux qu’elle reste avec moi par sa propre volonté et non parce que je l’empêche d’aller ailleurs.

En quelques dizaines de minutes, elle me suit partout. A chaque arrêt, je l’invite à approcher sa tête de moi et je la caresse très lentement en insistant sur le chanfrein, au départ avec ma main libre, puis dès que je la sens détendue, avec la main qui tient le licol. Jusqu’à ce qu’elle n’ai plus d’hésitation et qu’elle se sente en confiance pendant que je la caresse avec le licol pliée dans ma main.

A la fin de cette séance, elle démarre à chaque départ avec moi, elle ne laisse plus la distance entre elle et moi grandir et dès l’arrêt c’est elle qui met sa tête dans mes mains pour les caresses. Je m’arrête là, elle est prête à enfiler le licol à la prochaine séance.

TROISIÈME SÉANCE : 

Le but est qu’elle accepte le licol dans ses deux points : mettre la muserolle et mettre la têtière.

Asha vient à moi directement quand j’arrive. On marche un peu ensemble avec beaucoup de câlins sur la tête et l’encolure avec les mains et avec le licol roulé en boule, que je laisse se dérouler petit à petit. Caresser l’encolure l’amène à lever la tête mais pas à fuir. On commencera donc par le passage de la muserolle puisque la têtière ne posera pas de souci.

Pour ça, je l’invite à mettre la tête dans mes mains pour avoir des caresses, on licol est dans ma main, au bout de quelques répétitions elle n’y fait plus attention et je peux passer au stade suivant, juste caresser le chanfrein avec la muserolle du licol, puis enfiler la muserolle sur le bout du nez qui continue à lui caresser le chanfrein.

En quelques répétitions, elle vient d’elle même mettre le nez dans la muserolle. A partir de là , je mets tranquillement les montants le long de sa tête en attendant pour les retirer qu’elle cède à la pression de mes doigts. On travaille donc en même temps l’enfilage du licol et le début de la cession à la pression.

Mettre un licol devient un plaisir pour elle ! Et c’était juste mon but ! 😀

A SUIVRE …

On continue avec une désensibilisation du haut de l’encolure je la caresse tranquillement, quand elle est plus tranquille avec ça, je commence à mettre un peu de pression du bout des doigts sur la nuque, je mets et j’enlève la têtière du licol sans essayer de mettre la muserolle. Je travaille vraiment séparément sur cet autre aspect du licol.

Une fois que je la sens à l’aise avec ça .. on y va !

A SUIVRE …

Prête pour la mise complète du licol !

La technique utilisée ici : humain à l’épaule du cheval, passage de la têtière autour de l’encolure en premier puis cheval qui donne le bout du nez pour l’enfilage de la muserolle, est la technique la plus sécuritaire et la plus partenaire pour mettre un licol à un cheval.

Apprendre à céder à la pression du licol.

Pour apprendre à céder à la pression du licol, rien ne sert de tirer ou de se battre. Il suffit de commencer très légèrement puis de conserver la pression dans le licol jusqu’à ce que le cheval cède et à se moment de tout lâcher. Il s’agit de la notion de confort/inconfort le cheval apprend ainsi à trouver son confort de lui même en cédant à la moindre pression.

Et voilà Asha est un poulain prêt !

Elle est ok pour enfiler le licol, pour suivre en cédant gentiment à la pression elle a eu le temps de réfléchir d’intégrer et d’apprendre tout ça en y réfléchissant vraiment et en acceptant chaque étape.

La bonne volonté, une première étape.

La bonne volonté, une première étape.

La “BONNE VOLONTÉ”, on entend peu ce terme dans le milieu du cheval et pourtant il est tellement important !

 

Qu’est ce que la “bonne volonté” ?

 

Selon le dictionnaire, c’est le désir de bien faire. Ne souhaitons nous tous pas avoir un cheval qui fait preuve de bonne volonté ?

 

 Comment je peux savoir si mon cheval fait preuve de cette fameuse “bonne volonté” ?

 

Un cheval qui fait preuve de bonne volonté, c’est un cheval qui s’applique et qui s’implique dans ce qu’il fait, qui essaie de comprendre même s’il ne sait pas encore faire, mais c’est aussi un cheval qui ne s’oppose pas quand il a compris ce qu’on lui demande.

 

 Cette bonne volonté là est très précieuse, c’est une merveille chez le cheval et notre but, avant tout, doit être de la faire naître puis de l’entretenir et de la faire grandir, car si le cheval plein de bonne volonté n’est pas encore un cheval parfaitement agréable à manipuler et à monter.. il va le devenir au fur et à mesure qu’il apprendra son métier.

 

Comment est ce que je peux faire naître la bonne volonté chez mon cheval ?

 

En ne lui donnant pas d’ordres stricts, mais en lui permettant de chercher puis de trouver les solutions aux problèmes que je vais lui poser.

 

Par exemple, si je veux que mon cheval monte sur une passerelle de type bâche ou palette

 

(l’idéal étant 2 palettes renforcées côte à côte ou une grande bâche) :

 

 

Je pourrais bien sur tenir la longe bien courte et le tirer gentiment sur l’obstacle. Il pourrait résister ou y aller directement ou y aller après avoir un peu navigué de chaque coté, quoiqu’il en soit au moment où il passerait, il n’aurait appris qu’une chose : quand je tire sur la longe, tu avances quoi qu’il y ai devant toi. En bref, tu m’obéis !

 

Pour ça, il aurait utilisé son cerveau pour une seule chose : essayer de ne pas faire ce que je voulais qu’il fasse. Par contre, il n’aurait jamais besoin de son cerveau pour faire ce que je voulais moi : m’obéir.. il n’aura donc pas eu besoin de sa propre VOLONTÉ et donc pas de bonne volonté, il sera simplement, obéissant ou pas

 

Mais je peux aussi choisir de tenir la longe de mon cheval nettement plus longue de façon à ce que le cheval puisse contourner la passerelle ou la bâche mais cela tendra la longe que je tiens bien fixe dans ma main posée sur mon ventre.

 

Il faut en avoir conscience une longe tendue, c’est désagréable pour le cheval, nous allons compter sur cet inconfort pour l’amener à réfléchir et à faire preuve de bonne volonté.

 

Une fois la longe réglée, je me dirige vers l’obstacle et je le traverse bien au milieu sans regarder le cheval, dans de nombreux cas, il va faire le tour. Je ne vais pas réagir, arrivé de l’autre coté, je vais juste faire demi-tour et repasser dans l’autre sens sans le regarder, son comportement et ce qu’il choisit de faire ne regarde que lui …

 

Tant que le cheval fait le tour je vais continuer à faire des aller retour tranquillement en le laissant faire sa gymnastique et tendre la longe pour contourner l’obstacle. Je ne fais que marcher, calmement, tranquillement mais sans pause…

 

A la seconde où son pied va se rapprocher nettement de l’obstacle ou s’y poser, même très brièvement, je vais m’arrêter, me relâcher, laisser le cheval réfléchir quelques secondes avant de le féliciter et de nous éloigner de l’obstacle pour faire autre chose quelques minutes.

 

On y reviendra régulièrement au cours de la séance ou des séances suivantes, toujours sur le même principe : attendre chaque fois du cheval qu’il réfléchisse et essaie de faire un petit effort.

 

En quelques répétitions, mon cheval me montre à quel point il a compris en marchant délibérément sur la passerelle ou la bâche : ON Y EST ! Sans bagarre et sans discussion, il essaie de comprendre et il fait preuve de bonne volonté.

 

 

 

 

Pourquoi ? 

 Parce qu’on a pas tenté de le forcer à aucun moment, parce qu’on ne s’est pas battu avec lui, parce qu’on l’a considéré comme un être sensé équipé d’un cerveau en parfait état de fonctionnement.

 ATTENTION : Soyez attentif  à ce que votre cheval respecte votre espace. Si votre cheval n’est pas dérangé par le fait de vous rentrer dedans ou de vous marcher sur les pieds en cas de stress, commencez par vous en préoccupez. Je vous déconseille fortement de réaliser cet exercice. Commencez par lui apprendre à vous respecter c’est la première étape incontournable.

 Ceci n’est qu’un tout petit exemple, mais

 TOUT CE QU’ON FAIT AVEC NOS CHEVAUX PEUT ÊTRE FAIT EN APPLIQUANT LES MÊMES PRINCIPES !

  • S‘adresser au cerveau du cheval et non seulement à son corps
  • Rendre agréable ce qu’on souhaite qu’il fasse
  • Rendre inconfortable ce qu’il ne souhaite pas qu’il fasse
  • Ne pas le rendre impossible, pour qu’il ai le choix
  • Le laisser trouver la solution SEUL
  • Lui laisser le temps de réfléchir
  • Récompenser tous ses efforts, même les plus petits
  • Ne pas dépasser les limites émotionnelles ou physiques du cheval

Si on applique ces quelques principes simples, en faisant preuve d’imagination pour leur trouver des combinaisons et qu’on est attentif à notre cheval pour voir les efforts qu’il fait.. ou qu’il ne fait pas, alors nous allons développer chez lui cette envie de bien faire, cette “bonne volonté” qui en fera un compagnon agréable. Découvrir de nouveaux défis, tester de nouvelles disciplines ou exceller dans une discipline en particulier sera un réel plaisir au quotidien. 

Je suis à votre disposition pour vous aider dans cette démarche.

 

Éduquer ou dresser son cheval, quelles différences ?

Éduquer ou dresser son cheval, quelles différences ?

Où est cette différence, cette ligne invisible entre l’éducation et le dressage ?
Nous allons tenter de réfléchir à cette question ensemble.

Tout d’abord qu’est ce que le dressage d’un cheval ?

Il s’agit de faire en sorte que le cheval connaisse son métier. C’est à dire qu’il sache se porter en avant quand les jambes du cavalier entrent en action, qu’il sache tourner en se portant, qu’il connaisse la meilleure façon de franchir une barre, de faire un spin ou de prendre le galop sous la selle.

Qu’est ce que l’éducation ?

L’éducation c’est apprendre au cheval à se comporter avec les humains. Marcher en main calmement, ne pas bousculer même en cas de peur, rester à l’attache, monter en van, être calme et conciliant aux soins ou à la douche, etc…

Un cheval peut il être éduqué sans être dressé ou peut il être dressé sans être éduqué ?

Tout à fait ! Nombre de poulains non encore dressés, qui ne sont pas montés et qui n’ont pas encore de “métier”, peuvent être parfaitement éduqués et très facile au quotidien. Tout comme des chevaux parfaitement dressés, qui sont montés depuis longtemps et à haut niveau, peuvent être insuffisamment éduqués et tirer en longe, refuser de monter en van ou se battre à chaque douche.

sL’idée de base de l’éducation est de ne pas utiliser d’artifice, et d’inculquer des bases au cheval tout en ayant un résultat pérenne dans le temps.
10714191_10153237313323082_4746439105169281746_oPar exemple on ne mettra pas un mors pour arriver à tenir un cheval à pied pour des soins inconfortables pour lui, on lui apprendra à rester calme et à respecter la pression d’un simple licol plat. A titre d’illustration, ici, suite à une coupure de la cornée, il a été très simple de mettre des gouttes dans les yeux même si c’était 5 fois par jour, juste en liberté !
On ne viendra pas chercher son cheval avec un seau de grain, le licol derrière le dos ou autres artifices, pas vraiment utiles d’ailleurs, puisque c’est notre cheval qui viendra à notre rencontre et qui nous aidera à lui enfiler le licol.
L’éducation est donc un domaine où TOUS les chevaux, quel que soit leur âge, quel que soit leur niveau de travail, peuvent être améliorés.

Pourquoi voudrais-je améliorer cette éducation ? Mon cheval vit très bien tel qu’il est…

Oui on peut vivre avec un cheval peu éduqué sans que ça nous dérange plus que ça, vu qu’on a souvent l’impression que ça ne vaut pas le coup de perdre du temps pour ça. Mais JUSTEMENT améliorer l’éducation de son cheval va nous faire GAGNER du temps tout au long de sa vie !
IMG_2597Par exemple, beaucoup de cavaliers et de propriétaires ne prennent pas vraiment le temps d’apprendre à leur cheval à monter en van, parce que ça prend du temps et, du coup, à chaque déplacement du cheval, ils passent des heures devant le pont à tenter de faire monter leur cheval à l’aller comme au retour ! Si on met bout à bout toutes ces heures au bout de 5 ans … on se dit que peut être, au final, il aurait été plus rapide de prendre du temps pour faire les choses bien que d’en perdre autant pour faire les choses mal !

Apprendre au cheval à rester calme et à l’écoute en longe, va aussi nous aider à gagner du temps à chaque déplacement et mais surtout faire baisser significativement le risque d’accident. Si mon cheval sait marcher correctement sur une longe détendue et qu’il respecte mon espace personnel, je ne me ferai plus marcher sur les pieds, je ne me ferai plus démonter un poignet ou une épaule parce qu’il est parti bien vite vers le brin d’herbe qui l’a appelé si fort de l’autre coté de la route !

Bref, éduquer un cheval c’est améliorer notre vie avec lui car les choses se passent ensuite avec moins de heurts, moins de conflits et plus de sécurité et ce, quels que soit l’âge, le niveau, le gabarit de notre cheval et ou l’activité que l’on pratique avec lui.

Le programme VIP au sol commence par le quotidien parce que c’est dans les gestes du quotidien que commence la communication avec son cheval. Tu peux t’y abonner ici : Formation VIP au sol partie 1